Les Instants du Monde - Méditerranée-s
Une croisière musicale autour de cette mer intérieure, féconde de civilisations et de cultures.
- Du mardi 17 mars 2015 au dimanche 22 mars 2015
L'avis de la rédaction
Méditerrannée-s
Les Instants du Monde
Pour Maurice Cosson, directeur de L’ARC à Rezé, “la programmation de cette année est plus consensuelle que les éditions précédentes, mais c’est assumé. Nous voulons prendre et donner du plaisir”. Et en 2015, ce plaisir longera les rives de la Méditerranée, envisagée ici dans son sens le plus large. Cette croisière de six jours rythmée par “des concerts, des rencontres et des rendez-vous gratuits” aura pour capitaine Antonio Placer, compagnon artistique de L’ARC.
L'interview
Ce jour-là, Antonio Placer nous accueille dans le gîte qu’il occupe jusqu’à l’ouverture des Instants du Monde où il présente, entre autres, Mon pays s’effondre, sa dernière création. Rencontre avec ce “troubadour” amoureux des mots, avec un homme monde.
Vous vous présentez comme un artiste indépendant, un Juif sépharade et un Atlantiterranéen… Qui êtes-vous au juste ?
Même si ce sont mes trois pierres angulaires, je suis moi-même. Car je pense que nous sommes tous uniques, incomparables et universels.
D’où vous vient cet amour des mots ?
De mon père qui aimaient beaucoup les mots. Il y était sensible et il était fasciné par la poésie des surréalistes : Neruda, Federico Garcia Lorca… Il me lisait leurs poèmes. Ces lectures ont été mes premiers émois artistiques. Et aujourd’hui, lorsque je joue avec les mots, je retrouve cette joie enfantine.
Jouer pour mieux vous protéger du monde qui vous entoure ?
Non justement, ça me permet de ne pas m’exclure du monde dont vous parlez. Je donne simplement une autre valeur aux mots. J’apporte mon petit grain de sable.
Justement, en tant que compagnon artistique de L’ARC, quel grain de sable avez-vous apporté à Rezé ?
Je ne sais pas si c’est moi qui l’apporte où Rezé qui me l’offre. J’apporte une lettre écrite pour la vie. Et les Rezéens m’apportent la leur aussi. Dans la rencontre, nous sommes tous des frères.
Pour vous, l’artiste est-il intimement lié à la notion de rencontre ?
Déjà si l’artiste ne se rencontre pas lui-même, ce n’est pas un artiste. S’il est simplement préoccupé par la notoriété, il va se perdre.
Avez-vous failli vous perdre ?
Plein de fois. Vous savez, je suis un funambule. Et lorsqu’il marche sur son fil, il arrive au funambule de se casser la gueule.
Parallèlement à votre création Mon pays s’effondre, vous avez invité aux Instants du monde Madera Em…
C’est une jeune chanteuse qui vient de Tours. Armande a une voix qui me touche beaucoup. Elle s’invite sur des chemins qui ne sont pas balisés. Elle chante dans plein de langues. Cela montre bien que la France cherche un peu ses racines. Pourtant, le métissage, c’est notre réalité. Madera Em évoque cette réalité.
Avec Madera Em, vous jouez le rôle de parrain. Qui a été le votre ?
Pour ne pas le nommer, Moustaki. Il a lutté, énormément travaillé pour dire qu’il avait rencontré un animal qui méritait d’être entendu.
Propos recueillis par Arnaud Bénureau