Biopic
Le Redoutable
Paris 1967. Jean-Luc Godard, le cinéaste le plus en vue de sa génération, tourne La Chinoise avec la femme qu'il aime, Anne Wiazemsky, de 20 ans sa cadette. Ils sont heureux, amoureux, séduisants, ils se marient. Mais la réception du film à sa sortie enclenche chez Jean-Luc une remise en question profonde.
De Michel Hazanavicius, avec Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Bejo, 1h47, France
Horaires du 17 au 23 Avril
L'article
Godard 68
Dans Un an après, Anne Wiazemsky revenait sur sa vie maritale avec Godard et l’influence des événements de 1968 sur le cinéma de ce dernier. S’inspirant de ce livre, Michel Hazanavicius en profite pour tracer avec humour un portrait moqueur du grand cinéaste. Mais à travers sa forme inspirée, il lui rend aussi un hommage certain et plein de charme.
C’est un peu une variation d’OSS 117 mais dans l’univers de la Nouvelle Vague et de sa figure de proue. Un génie et un pygmalion au caractère difficile et en pleine crise. Très drôle, le film ridiculise son personnage interprété par un Louis Garrel épatant, surprenant et plein d’autodérision. Il décrit bien le côté pervers, narcissique et manipulateur qui se cache derrière le talent du pygmalion. Mais en parallèle, il montre aussi la dépendance, le poids de l’admiration et de la soumission de la trop jeune muse.C’est un pari osé et gonflé de s’attaquer au réalisateur le plus respecté et admiré. Mais il est réussi parce qu’il rend hommage au cinéaste en s’inspirant de son travail. Dans sa forme, ses couleurs, ses cadres, son montage, ses emprunts, le film évoque ses œuvres des premières années. Une époque de cinéma, inventive et novatrice qui marqua, et continue de le faire, les cinéphiles du monde entier. Alors même si l’évolution de Godard échappe à Michel Hazanavicius, derrière la parodie il montre aussi un homme qui refuse la flatterie, se remet en question et cherche à s’accorder avec les idéaux de la jeunesse.
Laurence Kempf