Rodin
À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme Le Baiser et Le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse.
De Jacques Doillon, avec Vincent Lindon, Izïa Higelin, Séverine Caneele, 1h59, France
Horaires du 24 au 30 Avril
L'interview
Deux ans après son Prix d’interprétation au Festival de Cannes pour La Loi du marché, Vincent Lindon revient en sélection officielle. Il interprète le rôle titre de Rodin, réalisé par Jacques Doillon.
Rodin, est-ce que c’est un rôle qui fait peur ?
L’immensité du rôle, du personnage, tout me faisait peur. C’est apprendre à sculpter, les costumes, l’époque… Rodin a existé et il est, avec Michel Ange, le plus grand des sculpteurs. Tout ce que ça englobe, c’est vertigineux : ne pas trahir, ne pas être ridicule, essayer d’être fidèle au texte et à Jacques, essayer d’être dans le crâne de l’artiste, dans ses mains, dans son regard. C’est ne pas le copier, mais tenter d’incarner un Rodin spécifique, raconter quelques moments de ce génie et non pas faire un biopic, une sorte de “Wikipédia” en image avec sa vie, son œuvre.
Camille et Rodin étaient tous deux artistes, est-ce compliqué pour former un couple ?
C’est difficile. Un grand artiste a besoin de quelqu’un qui le rassure mais qui puisse aussi lui dire qu’il a tort. Deux artistes ne peuvent pas le faire, ils ne peuvent rien se dire. Ce sont deux personnes dans une solitude extrême, l’un en face de l’autre. En plus, là, il y en une qui démarre, elle est l’élève de l’autre et ça le restera à vie.
Qu’est-ce qui vous plait chez Jacques Doillon ?
J’adore ses films, c’est tout un monde. Une façon de caresser les choses, les êtres, de filmer quelquefois des détails qui font que c’est plus intéressant que le fond. Il a une sorte de virtuosité à effleurer le quotidien sans être néo-réaliste, qui me plait beaucoup.
Propos recueillis par Laurence Kempf
C’est un portrait de Rodin au cœur de son atelier. Un artiste reconnu mais qui continue, au risque de provoquer l’incompréhension, de renouveler son art. Un amoureux de son élève la plus brillante, Camille Claudel, mais qui refuse de quitter Rose, sa fidèle compagne.
Jacques Doillon se projette dans la vie intime et créatrice de Rodin pour en explorer la complexité. Complexité d’une œuvre qui se cherche, toujours en mouvement, novatrice et moderne. C’est pourquoi il met en avant le travail passionnant du sculpteur sur son Balzac, plutôt que celui attendu autour du Baiser ou du Penseur. De la même façon, dans son couple avec Camille, il montre le poids de la reconnaissance du maître face à une jeune artiste toujours ramenée à son état d’élève. Une position qui affectera profondément la jeune femme et participera à la destruction de leur relation. Enfin, il retrace l’importance de Rose pour Rodin, témoin docile et dévoué, rappel de ses racines modestes et dernier rempart où se réfugier quand les amours, l’art et la célébrité risquent de vous consumer…
#Laurence Kempf