Atlantide - Amin Maalouf
4 temps pour aller à la rencontre d'Amin Maalouf, Prix Goncourt en 1993 pour Le Rocher de Tanios.
Grandes Rencontres : le 30 mai à 18h à Cosmopolis et le 31 mai à 16h30 au lieu unique.
Conversation : À chacun sa vérité, le 31 mai à 12h au lieu unique.
Lecture des Déorientés par Dominique Pinon, le 31 mai à 15h30 au lieu unique.
- Dimanche 31 mai 2015 à 16h30
44000 Nantes
L'interview
Prix Goncourt en 1993 pour Le Rocher de Tanios, Amin Maalouf est un homme d’Orient et d’Occident et un écrivain qui compte. Rencontre avec celui qui occupe le fauteuil 29 à l’Académie française.
Atlantide, ce sont les mots du monde à Nantes. Quelle place doit occuper l’écrivain au cœur de ce monde ?
Sa principale contribution devrait être d’avoir une parole libre, indépendante et responsable. Le reste dépend de la personnalité de chacun. Mon tempérament me pousse à demeurer à l’écart des grands débats, mais je respecte ceux de mes confrères qui éprouvent le besoin de se prononcer souvent, et avec enthousiasme, sur les sujets de société comme sur le reste.
Il y a cinq ans, vous écrivez Le Dérèglement du monde : Quand nos civilisations s’épuisent. L’écririez-vous de la même façon aujourd’hui ?
Les choses ne se sont pas arrangées depuis ! Le monde n’est pas moins déréglé qu’il y a cinq ans, c’est le moins qu’on puisse dire. Ce que je redoutais pour l’avenir est en train de se produire, bien plus tôt que prévu. Est-ce que j’ai envie de reparler de ces thèmes aujourd’hui ? Pas vraiment. J’aime bien m’exprimer sur des problèmes graves lorsque je peux suggérer des solutions ; aujourd’hui, ce n’est pas le cas…
Quel rapport entretenez-vous avec la page blanche ?
L’angoisse de la page blanche n’est qu’un mythe. En tant qu’écrivain, j’ai bien d’autres angoisses concernant les personnages, le déroulement de l’histoire, le choix des mots ou la cohérence du raisonnement, mais jamais ce qu’on appelle “la page blanche”. Quand je viens m’asseoir à ma table pour écrire, je sais déjà, en règle générale, sur quoi je compte travailler, la vision d’une page blanche, sur papier ou sur écran, ne provoque chez moi aucune réaction particulière.
Un écrivain doit-il être un amoureux du silence ?
Moi, je le suis. J’aime travailler dans un lieu paisible, et je n’aime pas parler. Mais c’est mon attitude personnelle. Elle est le reflet de mon tempérament, et je ne dirai certainement pas que les écrivains sont, en général, “amoureux du silence”. Le silence n’est pas une valeur en soi, il peut être synonyme de sérénité, de détachement, d’humilité, mais également de mépris, de complicité, ou de mort.
Peut-on connaître votre dernier coup de cœur ?
L’Expérience de Christophe Bataille. Le narrateur est un ingénieur qui a servi de cobaye lors des premiers essais nucléaires français, dans le Sahara, au début des années 1960. C’est un livre court, puissant, audacieux, poignant…
Propos recueillis par Arnaud Bénureau