A Ciambra
Pio a 14 ans et veut grandir vite. Comme son grand frère Cosimo, il boit, fume et apprend l’art des petites arnaques de la rue. Et le jour où Cosimo n’est plus en mesure de veiller sur la famille, Pio va devoir prendre sa place. Mais ce rôle trop lourd pour lui va vite le dépasser et le mettre face à un choix déchirant.
De Jonas Carpignano, avec Pio Amato, Koudous Seihon, Iolanda Amato, 1h58, Italie, USA, France, Suède, Allemagne, Brésil
Horaires du 24 au 30 Avril
L'article
Le petit Rom
Après le parcours d’un migrant africain dans Mediterranea, Jonas Carpignano s’intéresse à celui d’un petit gitan. Il continue ainsi d’explorer le monde des défavorisés dans un mélange de compassion, d’identification et de dénonciation.
Tourné dans le sud de l’Italie, le film nous fait découvrir l’univers d’une famille rom calabraise. Même si c’est une fiction, elle a la force d’un documentaire, notamment parce qu’elle est interprétée par de véritables gitans. Le réalisateur les regarde à la bonne distance, sans concession, ni jugement, cherchant à saisir leur système de fonctionnement. Il capte la gouaille et l’énergie de ces gamins, l’esprit du clan et des règles qui le régissent. On suit ainsi l’apprentissage de son héros, un jeune adolescent qui cherche à s’affirmer à l’image de son grand frère. Et ça va passer par le vol, l’amour tarifié et l’affiliation à une petite mafia locale qui les utilise avec l’acceptation résignée et impuissante des parents. Et c’est là que le film est déchirant, montrant l’enfermement d’un peuple à l’idéal libre et nomade qui se heurte à une sédentarité recluse et à sa misère. Le passé, de la mort du grand-père à l’image récurrente, poétique et flamboyante, de cet homme et de son cheval, n’existe plus. L’espoir d’un futur plus ouvert, répondant à l’amitié et la protection d’un jeune émigré africain, est balayé, sacrifié à la nécessité de survie au sein d’un groupe pourtant lui-même, trop isolé et rejeté. Laurence Kempf