Théâtre
Dam Weisse vom EI (Une île flottante)
De Christoph Marthaler, d'après Eugène Labiche. Invité pour la première fois au lieu unique, Christoph Marthaler – auteur suisse de spectacles d’anthologie – met aujourd’hui en scène sa vision étirée de La Poudre aux yeux, pièce hilarante d’Eugène Labiche.
Dates :
- Mardi 13 octobre 2015 à 20h30
- Mercredi 14 octobre 2015 à 20h30
- Jeudi 15 octobre 2015 à 20h30
- Vendredi 16 octobre 2015 à 20h30
- Samedi 17 octobre 2015 à 19h00
Lieu :
le lieu unique, quai Ferdinand-Favre
44000 Nantes
44000 Nantes
Prix :
de 12 à 22€
L'article
Une étrange gourmandise
Il n'y a pas davantage d'Île flottante dans le théâtre de Labiche que de miroir aux alouettes devant le Château des Ducs à Nantes. Fou de théâtre, Christoph Marthaler s'est emparé de l'ensemble d'une œuvre pour en extraire une étrange gourmandise.
Longtemps snobé, sinon méprisé, le théâtre de Labiche a longtemps fait le bonheur des compagnies de théâtre amateur. Christoph Marthaler avait déjà proposé (au siècle dernier !), une réjouissante version de L'affaire de la rue Lourcine. Cette fois, c'est La poudre aux yeux qui lui sert de rampe de lancement pour une entreprise tout aussi décoiffante. La poudre aux yeux ? Une comédie-vaudeville parmi d'autres, avec ce lot de quiproquos, de rebondissements et d'invraisemblances, qui fit le succès, il y a 150 ans, d'Eugène Labiche.Ce qui intéresse Christoph Marthaler, c'est ce qu'il peut y avoir d'absurde non pas dans le théâtre de Labiche mais dans le monde qu'il nous décrit, en observateur d'autant plus avisé qu'il en est lui-même issu. C'est le spectacle d'une société bourgeoise, repliée sur elle-même, soucieuse avant tout de protéger ses intérêts et (aussi !) de ne pas perdre la face. Qu'importe l'histoire ou presque puisque, tel un croupier de casino, Marthaler lance : “rien ne va plus”, avant même le lever de rideau.
Comme l'horloge du salon, tout se dérègle dans ce théâtre-là. Le metteur en scène fait du Labiche à sa façon. Pas de poudre aux yeux, ici, juste l'évocation, jusqu'à l'ultime tableau, d'un monde finissant. Pour mémoire, la pièce de Labiche fut écrite dix ans avant la Commune de Paris.
Vincent Braud