La Promesse de l'aube
De son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu’à ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale… Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Mais cet acharnement à vivre mille vies, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Nina, sa mère, qu’il le doit.
De Eric Barbier, avec Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon, 1h48, France
Horaires du 8 au 14 Mai
L'avis de la rédaction
Attention grand roman
C’est bien connu, les grands romans ne donnent pas forcément de grands films. La Nouvelle Vague nous a même appris que c’est souvent les petites histoires qui donnent les meilleurs films ! Avec La Promesse de l'aube, Éric Barbier ose pourtant l’adaptation du chef-d’œuvre autobiograhique de Romain Gary. Et s’en sort plutôt pas mal, en s’appropriant le roman avec un regard personnel : « Je ne voulais pas trahir le roman et en même temps trouver une manière cinématographique de le raconter. Le centre du livre, c’est évidemment le rapport mère-fils, mais je me suis rendu compte que c’était aussi l’histoire d’un enfant qui veut venger sa mère. On a tous vécu ça, ce choc quand on est petit de voir ses parents humiliés. Cela peut être de toutes petites humiliations, mais elles nous font réaliser que nos parents sont vulnérables alors qu’on les imaginait totalement indestructibles… » Déclarations au Gaumont de Nantes.Matthieu Chauveau
L'interview
Il fut l’un des plus jeunes pensionnaires de la Comédie-Française, puis pour Yves Saint Laurent le plus jeune Meilleur acteur césarisé en 2015. À 28 ans, Pierre Niney a déjà acquis une véritable reconnaissance. C’est donc sans surprise qu’on le retrouve dans l’adaptation ambitieuse du célèbre roman La Promesse de l’Aube. Plus sobre mais tout aussi investi que sa partenaire Charlotte Gainsbourg, il y interprète un double fictionnel de Romain Gary très habité.
Après Yves Saint Laurent et L’Odyssée, vous jouez à nouveau un personnage inspiré de la réalité. C’est un défi supplémentaire pour un acteur ?
Fictionnel ou réel, l’idée c’est toujours de comprendre la logique d’un personnage pour pouvoir le jouer, le rendre humain, qu’il trouble les gens d’une manière ou d’une autre. Mais La Promesse de l’aube, ce n’est pas un biopic de la vie de Romain Gary. C’est une adaptation romancée de certains épisodes de sa vie et de ce lien complètement fou, démesuré et magnifique, toxique et inspirant, avec sa mère.
Comme nous, avez-vous été surpris par l’interprétation de Charlotte Gainsbourg dans le rôle de cette mère?
Elle va surprendre beaucoup de gens. C’est un rôle de composition. Je la trouve vraiment impressionnante. Très généreuse aussi dans la prise de risque, c’est superbe !
C’est la deuxième fois que vous interprétez un écrivain. Même si celui d’Un homme idéal était en réalité un mythomane…
Un menteur comme dans Five, Frantz, La Promesse : je ne joue que des menteurs. Pourtant, je ne suis pas du tout menteur dans la vie ou très peu ou alors tellement que moi-même, je ne le sais pas… En fait, c’est voir autre chose que ce que l’on nous dit comme chez Hitchcock, c’est très cinématographique. Il y a toujours un double fond chez le menteur, un peu comme dans la vie de Gary avec Émile Ajar. C’est l’un des plus grands mensonges de la littérature, c’est génial.
C’est important pour vous d’alterner la comédie et le drame ?
C’est au gré des bons scénarios… J’adore la comédie, c’est très important, mais La Promesse de l’aube et Là -haut de Dupontel, c’est un peu les derniers vestiges de films ambitieux, chers, littéraires. Il ne faudrait pas que ça disparaisse…
Propos recueillis par Laurence Kempf