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Festival

Atlantide 2022

Atlantide 2022 Festival

Pour sa dixième édition, le festival des littératures Atlantide, Les Mots du Monde à Nantes, sous la direction artistique d’Alain Mabanckou, réaffirme haut et fort son ambition de toujours : offrir au public, en accès libre et gratuit, une programmation littéraire exigeante et diversifiée dans ses formes mais aussi accessible au plus grand nombre.

Calendrier Dates :
  • Jeudi 24 Février 2022 à 14h45
  • Vendredi 25 Février 2022 à 14h45
  • Samedi 26 Février 2022 à 14h45
  • Dimanche 27 Février 2022 à 14h45
Localisation Lieu : le lieu unique, quai Ferdinand-Favre
44000 Nantes
Prix : Gratuit
Site web Site : atlantide-festival.org/edition...
Avis rédaction

L'avis de la rédaction

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Prenez date pour le festival des littératures qui est de retour fin février avec toujours la même mission : les mots du monde à Nantes. Après une édition consacrée aux écrivains africains, le festival est plus que jamais ouvert sur le monde entier. En compagnie d’une belle brochette d’auteurs, on traitera des problématiques politiques, sociétales ou environnementales. Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt pour La Plus Secrète Mémoire des hommes, viendra rencontrer les lecteurs. De nombreux débats croiseront les regards de Dany Laferrière, Camille de Toledo, Natacha Appanah, Céline Curiol, Céline Minard, Roukiata Ouedraogo…



Aude Moisan
Crédit photos : Sarr Mohamed Mbougar © Antoine Tempé
L'interview

L'interview

Mohamed Mbougar Sarr

Il est à la fois l’auteur qui redore le blason du Prix Goncourt et celui qui revigore la langue française. Les mots de Mohamed Mbougar Sarr vont beaucoup compter lors d’Atlantide, le festival des littératures de Nantes. Et si vous n’avez pas encore lu La plus secrète mémoire des hommes, il est urgent de vous y plonger. Rencontre.

" “Il ne faut pas sur-symboliser ce Goncourt” "

Comment vivez-vous l’après Goncourt ?
Assez tranquillement. J’ai pris le temps de me reposer en janvier. Ça m’a permis de prendre un peu de recul mais l’effet d’étonnement demeure. J’ai pris assez de temps, non pas pour réaliser pleinement ce que ça a comme conséquence mais pour me remettre à lire et à écrire.
-
Vous évoquez dans La plus secrète mémoire des hommes les relations complexes entre la France et l’Afrique, comment est-ce qu’on avance ?
Tout a l’air bloqué mais on avance. Il y a d’autres mémoires qui s’expriment au sein de l’Histoire française qui n’est plus simplement un grand récit national mythifié et un peu légendaire. Certains épisodes violents imposent qu’on les regarde avec lucidité mais la littérature a quelque chose à dire et à faire dans la mise en scène tranquille et apaisée de ces relations. Elles étaient violentes mais incluaient parfois de la fraternité, de l’amour. L’important est de maintenir le dialogue avec lucidité. Se parler d’égal à égal et sans préjugés.
-
Avec ce Goncourt, n’êtes-vous pas le parfait exemple d’une intégration possible  ?
Je n’ai pas cherché une intégration. J’ai écrit un roman qui a reçu un prix. Je ne veux pas être un exemple de quoi que ce soit. Si un jeune immigré trouve en moi un exemple du courage et de l’espoir, tant mieux, mais les questions de l’immigration doivent se régler fondamentalement ailleurs. Il ne faut pas sur-symboliser ce Goncourt.
-
Vous êtes un jeune écrivain, pensez-vous que la jeunesse détient le pouvoir ?

En littérature, pas nécessairement. Ce n’est pas parce qu’on est jeune qu’on a une garantie de révolte ou de révolution absolue. Dans d’autres secteurs de la société, d’autres dimensions, c’est peut-être à la jeunesse de s’emparer de questions et de les porter. Aux jeunes d’avancer avec leur imagination et leur utopie.
-
Écrire en français, n’est-ce pas une forme de dépendance ?
Je suis né au Sénégal en 1990, 30 ans après l’indépendance. Je n’oublie pas la charge coloniale mais le français est l’une de mes langues. Je n’ai plus de complexe. Il y a peut-être eu une époque où ça créait un problème mais je suis né dans un espace plurilingue. Pour moi, écrire en français n’est jamais seulement écrire en français. Les autres langues que je parle sont présentes dans mes livres.
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Qu’est-ce qu’un grand livre ?
C’est un livre qui nous interroge toujours un peu plus, ajoute à notre capacité de nous interroger sur nous-mêmes. Un livre qui pose une question nouvelle sur nous ou le monde. Dans une forme particulière, c’est d’abord la puissance d’interrogation.
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Raconter La plus secrète mémoire des hommes, est-ce que c’est possible ?
Il faut le faire selon sa sensibilité et la lecture qu’on en a fait. Entrer dans ce livre peut servir à le raconter mais pas le résumer. Ça dépend de chaque lecteur qui en est capable en suivant un axe particulier.
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Vous parlez d’un écrivain qui a bouleversé la littérature en écrivant un seul livre, est-ce que ça veut dire que vous pourriez avoir peur de celui qui suivra ?
Il faut toujours avoir peur du livre à venir parce que, dans le travail d’un écrivain, il doit être plus exigeant. Cette exigence doit nous porter et nous faire peur. Depuis que j’ai commencé à écrire, chaque livre suivant est à la fois une crainte et une excitation. Il faut se garder du confort de se répéter, de la tentation de la facilité, de la médiocrité.
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Avez-vous conscience du décalage entre votre intelligence des mots et l’écriture SMS ou le niveau de certains réseaux sociaux…
Je ne sais pas. Je me dis que je suis peut-être dans ma bulle d’écriture et de lecture, que je me suis formé cette crainte et cette exigence. Je vois les faiblesses qu’il peut y avoir aussi et, cette forme de dureté, je ne l’applique qu’à moi-même. Quand je regarde ce qui s’écrit ou se dit ailleurs, je me dis que je suis peut-être trop marqué par une forme de relativisme. Je suis plus indulgent dans la vie.
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On parle d’exigence mais votre roman est drôle, très cru aussi, on couche beaucoup… Avez-vous la volonté d’accrocher un large lectorat ?
Je me méfie de ce qu’on appelle le large lectorat et le grand public. Je ne sais pas ce qu’il a envie de lire, je n’ai ni cette connaissance-là, ni cette prétention, je ne peux me raccrocher qu’à mes envies. Je n’ai pas de pensée sociologique d’un lectorat idéal et je ne veux pas faire de compromission. J’espère seulement qu’ils sont aussi joueurs que moi.
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À l’ouverture d’Atlantide, vous donnerez la leçon inaugurale, qu’allez-vous nous apprendre ?
J’ai regardé les leçons inaugurales précédentes : Alain Mabanckou, Danny Laferrière, Leila Slimani… C’est encore en cours de travail. J’ai plusieurs idées, des intuitions, je vais finir par me décider. Ça sera autour de la littérature ou la bibliothèque.
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Nantes et son passé, est-ce que ça a une connotation particulière pour vous ?
Oui, Nantes est l’exemple d’une ville qui a su faire, à son échelle, un travail historique lent qui porte ses fruits sur le face-à-face avec son passé esclavagiste. C’est peut-être la plus exemplaire avec ce travail le plus juste à faire malgré ce qu’il y a de plus désagréable.



Interview Patrick Thibault
Crédit photos : © Antoine Tempé
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