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Atlantide, festival des littératures

Atlantide, festival des littératures Salon

En se faisant l’écho de récits qui questionnent nos sociétés, le festival Atlantide, les Mots du Monde à Nantes nous rappelle chaque année combien la littérature est un art nécessaire et utile pour comprendre l’humanité et les mécanismes qui la régissent. Cette onzième édition s’intéresse à ces destins individuels percutés par les drames de l’Histoire, aux quêtes d’identité, à la place des femmes dans la société, à l’exil ou aux migrations.

Calendrier Dates :
  • Jeudi 2 mars 2023 à 11h00
  • Vendredi 3 mars 2023 à 10h00
  • Samedi 4 mars 2023 à 10h00
  • Dimanche 5 mars 2023 à 10h00
Localisation Lieu : le lieu unique, quai Ferdinand-Favre
44000 Nantes
Prix : Gratuit
Site web Site : atlantide-festival.org...
Avis rédaction

L'avis de la rédaction

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On y revient dans le prochain Wik mais on réserve le week-end du 2 au 5 mars pour le festival des littératures. Atlantide-Les mots du monde à Nantes nous revient avec ses grands questionnements sur le monde et les troubles qui l’animent. Sous la direction artistique d’Alain Mabanckou, 55 autrices et auteurs des 5 continents pour évoquer l’exil, l’immigration mais aussi les questions de genre et d’identité. Avec Lola Lafon et Dany Laferrière, Emmanuelle Bayamack-Tam, Eva Baltasar, Anne Simon, Marcial Gala. Clôture avec mise en voix par Romane Bohringer des Enfants endormis d’Anthony Passeron.

Aude Moisan
Crédit photos : Marcial Gala © M. Berger
L'interview

L'interview

Diaty Diallo, tout feu tout flamme

Lors de la rentrée littéraire, la jeune Diaty Diallo a surpris par la puissance et l’originalité de son premier roman. Avec Deux secondes d’air qui brûle, elle a su trouver les mots et le souffle pour évoquer les violences policières. À Nantes, pour le festival des littératures Atlantide, le public aura à cœur d’échanger avec elle.

" S’il y a de la justice, à un moment donné, tout le monde s’apaisera. "

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D’où vient cet amour de l’écriture et des mots ?

Je crois que c’est un mélange de névrose et de mégalomanie. J’ai d’abord aimé la musique et le songwriting. Ensuite, il y a l’envie de dire quelque chose, d’être entendue et prendre sa place.
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Quel est le point commun entre les fanzines, un blog, un roman et l’écriture de chansons ?
Le blog, c’était une écriture un peu compulsive, comme un genre de journal intime publié. Maintenant je sais que c’est pour être lu, même si ça ne doit être que par une personne. Il y a un côté exhib. Les chansons, ça tient de l’adresse au public. Quant au roman, c’est un espace particulier qui ne tient pas forcément de la générosité et du partage.
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En préambule au livre qui évoque les violences policières, vous reprenez “ni oubli, ni pardon”, ça laisse peu d’espoir…
J’ai essayé de faire en sorte que ça ne soit pas un livre discours. Je voulais aller explorer autre chose que le réel tout en faisant sortir des choses du réel. Dans la deuxième partie, j’ai laissé la part belle à l’exploration de l’imaginaire et l’intime. C’est l’étude d’un deuil politique collectif. J’avais aussi envie d’un clin d’œil à mes camarades. “Ni oubli, ni pardon”, le slogan est connu. On ne pardonnera jamais mais s’il y a de la justice, à un moment donné, tout le monde s’apaisera.
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À Nantes, votre roman résonne particulièrement depuis la mort de Steve…
J’ai fait une tournée des libraires pour présenter mon livre avant la sortie. Je ne savais pas pitcher alors j’arrivais avec un texte. Pour Nantes, j’en avais consacré un aux violences policières puis j’en ai fait un second. En arrivant sur place, l’endroit où on se réunissait était tout près du lieu où Steve s’est noyé. J’ai regretté d’avoir abandonné mon texte. Et j’ai conscience qu’à Atlantide, ça sera aussi présent.
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Vous êtes très forte quand vos personnages dansent. C’est très ancré en vous ?
On m’a déjà posé cette question. Elle me déstabilise car elle va à l’opposé de la fiction. Alors si vous me demandez “Est-ce que vous avez dansé pour écrire le roman”, la réponse est “oui”. On peut danser de tellement de manières. C’est une discipline assez dingue. J’ai eu besoin d’explorer. Mes personnages ne dansent pas tous de la même manière. Ils ne sont pas uniformes. Mais oui, j’ai dansé seule chez moi en plein confinement sur des tubes.
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Est-ce plus difficile d’avoir un personnage principal masculin ?
La seule réponse honnête que je puisse avoir, c’est que j’ai écrit un seul roman, alors je n’en sais rien. Je crois qu’il faudrait que j’apprenne à mentir parfois. (rire) Mais le premier jet était autour du personnage de Aissa. C’était avant que la question des violences prenne plus de place. Ça permet peut-être de mettre à distance. Ça pose la question du genre. Est-ce qu’on peut se l’approprier ?
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La bonne idée, c’est la bande-son du roman. Est-ce que c’est venu tout de suite ?
C’est vraiment le truc le plus spontané. Ça me le fait en permanence : quand je me mets à écrire, il y a de la musique qui vient dans mon cerveau. Et pas vraiment des textes littéraires. J’avais des obsessions musicales alors je les faisais apparaître comme des béquilles et des repères temporels. Ils m’ont permis de savoir dans quelle émotion je me situais. Ils sont devenus de vrais repères émotifs. Et des moments de pause dans le texte.
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Quand on aborde cette question des violences, comment fait-on pour ne pas se laisser déborder ?
La question m’a beaucoup taraudée. La violence, c’est un exercice clinique de haute voltige. Quand j’essaie d’écrire sur la violence, je digresse. C’est toujours une question de point de vue. Des nœuds sociétaux pas réglés. La fiction est intéressante, elle permet de détourner le regard, d’explorer d’autres formes de résistance, de les renouveler, de faire des connections. Je ne voulais pas parler d’émeute. Ça me semblait technique. J’ai un point de vue, j’avais peur de sombrer dans le discours. Mais je ne pouvais pas faire comme si ça n’existait pas.
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Sur ce plan, votre maîtrise est impressionnante…
Depuis la sortie du roman, on me dit souvent : “Ah oui, ça finit que comme ça ?” La violence est pourtant extrêmement présente dans toute la seconde partie. Pour moi, ça n’est pas du tout doux. Quand ils reprennent la main, c’est super violent. Ça contient pas mal de niveaux de sens. Et on termine avec beaucoup de références à l’émeute dans la tirade de fin.
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Quel est le vrai sujet du livre ?
Je ne le pensais pas mais je crois que c’est l’amour au sens large. Le lien affectif, la survivance à travers le lien affectif. Et la résistance, l’amour et la révolte.
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À qui il s’adresse-t-il ?
Je ne me pose pas trop cette question. Mais à mes communautés, des personnes dominées et aux gens qui veulent être nos alliés.
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Qu’attendez-vous d’un festival comme Atlantide ?
C’est un festival qui prend le risque d’inviter des premiers romanciers. Les mots du monde, je me reconnais là-dedans. Être entourée de gens dont on est proche, c’est assez rassérénant. J’ai hâte de débattre avec des auteurs avec qui je partage des thèmes et des obsessions. Et avec les lecteurs. On ne sait jamais qui on a en face de soi. Avec quel bagage vient chaque personne. Il faut partager autour de son livre. Il y a des espaces où l’on va plus en confiance : Atlantide c’est le cas. C’est un festival qui a su se montrer accueillant avec les auteurs : on s’y sent bien avant d’y être.



Propos recueillis par Patrick Thibault
Crédit photos : © Bénédicte Roscot
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