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Théâtre

Le Ciel de Nantes

Le Ciel de Nantes Théâtre

Les représentations du 12 et du 13 janvier sont annulées.
Après 
Les Idoles, Christophe Honoré poursuit sa démarche autobiographique. Avec ses talentueux acteurs rejoints par Chiara Mastroianni, il imagine le film qu’il n’a pas su réaliser, celui d’une famille « empoisonnée par la détresse ». À Nantes, le passé remue le présent et révèle ce qu’un héritage fait et défait.

Calendrier Dates :
  • Jeudi 6 janvier 2022 à 20h00
  • Vendredi 7 janvier 2022 à 20h30
  • Samedi 8 janvier 2022 à 17h30
  • Lundi 10 janvier 2022 à 20h00
  • Mardi 11 janvier 2022 à 20h00
  • Mercredi 12 janvier 2022 à 20h00
  • Jeudi 13 janvier 2022 à 20h00
Localisation Lieu : Le Grand T, 84, rue du Général Buat
44000 Nantes
Prix : 12€ à 30€
Site web Site : legrandt.fr/programme/spectacl...
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Avis rédaction

L'avis de la rédaction

Gagner son ciel

Le voilà donc ce spectacle avec lequel Christophe Honoré évoque l’histoire de la famille nantaise de sa mère. À l’origine, ça devait être un film. À l’arrivée, c’est une fresque qui tient à la fois du théâtre et du cinéma et se déroule d’ailleurs dans un cinéma. Le cinéaste-metteur en scène y convoque ses ancêtres pour tenter d’y voir plus clair. C’est drôle et grave, intime et bouleversant. Une galerie de personnages hauts en couleur qui n’évitent aucun sujet et surtout pas ceux qui fâchent. Un spectacle fortement ancré dans l’imaginaire nantais avec Chiara Mastroianni pour la première fois sur scène.



Aude Moisan
L'interview

L'interview

“C’est à Nantes que le désir de cinéma est né en moi.”

Le Ciel de Nantes, le nouveau spectacle de Christophe Honoré, est incontestablement l’événement de ce début 2022. L’auteur y convoque les membres décédés de sa famille pour tenter d’y voir clair. C’est drôle et grave, intime et bouleversant. Et fortement ancré dans l’imaginaire nantais.

Votre spectacle commence sur la musique de Nantes, la chanson de Barbara, Le ciel de Nantes rend-il votre cœur chagrin ?
Oui, il y a toujours un sentiment mêlé de mélancolie et de nostalgie quand je reviens. Nantes est une ville traversée par des souvenirs heureux et d’autres plus difficiles. Disons que je ne peux pas m’y promener de manière anodine. C’est très lié à mon passé familial et j’ai du mal à vivre la ville au présent.
-
C’est encore une histoire de famille, la vôtre. Le spectacle convoque les membres décédés de la famille de votre mère…

Après la nécessité pour moi, cinéaste auteur homosexuel, de m’attacher à une famille d’élection, c’est autre chose de faire revivre sa grand-mère, un oncle, une tante… Le spectacle essaie de prendre en compte ce vertige car ça n’est pas rien de les faire parler. Je me serais senti déloyal si je ne leur avais pas permis de mettre en cause ce que j’étais en train de faire. C’est un des enjeux du spectacle qui pose la responsabilité de l’artiste et la manière dont il fait feu de tout bois. Là, le bois n’est pas docile et le spectacle ne me ménage pas.
-
Vous vouliez en faire un film et c’est un spectacle. Finalement, n’est-ce pas un peu la même chose ?
Dans les deux cas, il y a l’idée d’exprimer des émotions et faire parler des artistes mais, dans les faits, ça n’est tellement pas la même chose. Ce qui est clair, c’est que je voulais que les frontières soient incertaines. Mais ce spectacle naît d’un échec, une incompétence. Je n’ai jamais réussi à faire ce film alors que je rêvais de devenir cinéaste pour faire ce film.
-
Cette histoire est lourde, comment faites-vous pour qu’il y ait autant de légèreté ?
J’ai de bons comédiens et je les connais bien. C’est quasiment l’équipe des Idoles. Il y a une affection très pudique entre nous. Quel que soit le sujet, ils tentent toujours de le détourner, d’apporter une élégance. La légèreté vient d’eux car moi, j’ai été très lourd en l’écrivant et plus perturbé que je l’imaginais. Je ne voudrais pas qu’on se moque des membres de ma famille. J’espère que ça fait régner beaucoup de tendresse sur eux.
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Lorsqu’on évoque un sujet aussi personnel, précis et documenté, comment fait-on pour qu’il soit universel ?
Je ne sais pas bien même si je l’ai déjà remarqué dans mes expériences de cinéaste. Les Chansons d’amour est un film construit à partir d’un souvenir intime et c’est devenu un film dont les gens se sont emparés. Alors qu’Alex Baupain et moi, on croyait raconter notre histoire. Vous pouvez avoir la meilleure foi du monde et ne pas réussir à être sincère. Ça n’est pas une vertu, ça se fait aussi malgré vous. Je me suis demandé comment le public allait réagir. À la création, on a vu que le spectacle se partageait. On ne peut pas savoir avant, ça n’est pas une question de savoir-faire.
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Quelles sont vos références nantaises ?
C’est d’abord le quartier du Grand Clos où ma grand-mère vivait avant de rejoindre les HLM de la rue de l’Île de Sein, et la ligne de bus qui m’amenait à la patinoire. Ma grand-mère était la seule qui me laissait aller me balader en ville. Je faisais toujours les mêmes choses. La librairie L’Atalante, le Passage Pommeraye, le Musée des beaux-arts, le Katorza, l’Apollo, la place du Commerce. J’étais très jeune, j’aimais être dans la rue.
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Et en famille ?
Avec mon père, on allait au marché de Talensac acheter des huîtres pour ma grand-mère. Plus jeune, il avait joué dans une équipe, alors on allait au rugby. Avec mes oncles, j’ai des souvenirs de matchs à Saupin puis à la Beaujoire. Étrangement, pour moi, Nantes est un territoire qui est devenu imaginaire. Le nom des lieux suffit à remplir un espace.
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Dans le spectacle, vous évoquez les balades avec votre grand-mère sur les traces de Jacques Demy…
J’avais 12-13 ans quand j’ai découvert Lola au Katorza. J’avais récupéré des photos. On essayait de retrouver dans Nantes les lieux du tournage. C’était comme une enquête menée par ma grand-mère, ma mère et moi dont je garde le souvenir. C’est là que j’ai compris que les films n’étaient pas fabriqués mais arrachés au réel. C’est à Nantes que le désir de cinéma est né en moi.
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Votre spectacle parle du grand écart entre une famille au goût populaire et votre parcours, comment vit-on ce décalage ?
J’ai été nourri par une culture populaire, de télévision. Ça n’est que quand on se met à lire qu’on s’en affranchit. En commençant à écrire, j’ai eu le sentiment que ma famille avait une certaine fierté mais aussi l’impression que ça n’était pas pour eux. C’est difficile mais je suis heureux que ce spectacle ne fonctionne pas avec des références aux auteurs du nouveau roman, à Foucault, à Guibert. Ici, c’est plutôt Sheila, Dalida, le FCN mais je ne pense pas qu’ils soient moins profonds que mes idoles. C’est un spectacle populaire.
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C’est terrible ce rejet par votre grand-mère dont vous étiez pourtant si proche…
Je suis heureux de pouvoir discuter de ça avec elle sur scène. Cette homophobie est incompréhensible car j’avais l’impression d’avoir une relation privilégiée avec elle. J’étais son chouchou et je ne sais pas d’où vient cette violence. Je l’ai ressenti comme une trahison.
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Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?
Est-ce qu’il aurait mieux valu qu’elle meure sans qu’on en parle ? Je ne sais pas. La question de la vérité n’existe pas dans les familles. Toute mémoire familiale se construit sur des légendes. Mais je tenais à ce que tous les membres de ma famille aient la possibilité de me dire leurs quatre vérités.



Propos recueillis par Patrick Thibault
Crédit photos : © Raphaël Neal
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