Les Couleurs de l'air
À la mort du célèbre peintre et galeriste que fut son père, Ilia découvre avec stupeur qu’il était aussi mégalo et escroc de haut vol. Pour sublimer sa peine, il décide de réaliser un biopic sur cet aventurier mythomane. Igor Mendjisky revient au Grand T avec une fable inspirée d’une histoire aussi vraie que romanesque : la sienne.
- Mardi 23 novembre 2021 à 19h30
- Mercredi 24 novembre 2021 à 19h30
- Jeudi 25 novembre 2021 à 19h30
- Vendredi 26 novembre 2021 à 19h30
L'avis de la rédaction
Père et fils
Connaît-on vraiment son père ? Cette question a dû hanter Igor Mendjisky auteur et metteur en scène des Couleurs de l’air : Ilia y apprend à la mort de son père, peintre et galeriste de renom, que celui-ci était un menteur patenté et un escroc invétéré. La pièce est très largement autobiographique et tout comme son personnage, Mendjisky a découvert post-mortem la face sombre de son père. Tout comme l’auteur, Ilia choisit de retracer l’histoire hors normes de cet homme dans une œuvre de fiction. Et Les Couleurs de l’air de devenir une grande fresque à la recherche du passé enfoui d’un homme passionnant et mystérieux où l’art permet de sublimer la colère et le chagrin.Denis Zorgniotti
L'interview
À l’occasion de la création des Couleurs de l’air, une fable événement inspirée d’une historie aussi vraie que romanesque, rencontre avec Igor Mendjisky. Et bienvenue au théâtre.
Est-ce qu’il est facile d’écrire un spectacle à partir de son histoire personnelle ?
Non car on traverse de choses qui touchent à l’intime. Mais quand on se libère de la réalité pour dessiner une fiction, ça devient plus joyeux. Je ne voulais pas faire un documentaire. À partir du moment où je me suis dit, je vais inventer à partir de ma réalité, c’est devenu plus libérateur.
Racontez-nous l’histoire de votre père…
C’est quelqu’un qui a vécu 1000 vies en une. Après un début très agressif et violent pendant la seconde guerre mondiale, il a tenté de trouver des solutions pour faire de sa vie une sorte de conte, pour qu’elle soit fabuleuse dans tous les sens. Mon père était un type incroyable avec un côté lumineux et d’autres plus obscures.
Vous avez découvert à sa mort de votre père qu’il n’était pas qui vous croyez…
C’est le départ. On raconte l’histoire d’un fils qui essaie de faire un film sur son père et tombe dans un puits. Ça raconte en fait l’histoire de la mort d’un fils, le trouble du mensonge à l’intérieur d’une famille, le trouble de chacun à travers ce père fantastique et hypnotisant.
Et votre histoire à vous ?
Moi j’essaie de me dire que le sublime peut se trouver dans les petites choses. C’est dur quand on a eu un père comme le mien de revenir à plus de simplicité. J’ai la chance de créer à ma manière dans de beaux lieux. J’essaie d’être honnête avec moi-même et de ne pas m’enfermer dans un mensonge alors que je suis dans un métier où on a le droit de mentir.
Parlez-nous de la forme du spectacle en trois parties…
La première ressemble à une comédie noire. Elle est drôle bien que tragique. Dans la seconde, on entre en profondeur dans le personnage du fils, le trouble face à son besoin de créer une œuvre d’art autour de son père. La troisième est encore plus dans l’intimité du personnage qui se retrouve dans une forêt de souvenirs. On va apprendre d’où vient la maladie de la mythomanie, de l’escroquerie, de la mégalomanie mais c’est plus onirique.
Diriez-vous que le spectacle est une fresque ?
Disons que c’est une fresque familiale initiatique qui tend à l’émancipation. J’ai relu tout Tchekhov et Lagarce pour mieux voir comment on écrit des scènes de familles puissantes. On empreinte le chemin d’une rivière qui nous mène à la mer. On explore comment je vis moi avec ce que m’ont laissé mes parents.
Propos recueillis par Patrick Thibault
Crédit photos : © Lionel Nakache