Les Récréâtrales 2021

Attendez-vous à être surpris
Si vous vous dites que la surprise est rarement au rendez-vous, que chaque salle suit ses artistes et les mêmes lignes de programmation, Les Récréâtrales-Nantes vont vous prouver le contraire. Jugez plutôt : un véritable festival consacré à la création artistique en Afrique. En clair, des spectacles écrits et mis en scène par des Africains, avec de vrais Africains dedans ! C’est rare et, en plus, l’événement entend relever le défi lancé par N’Goné Fall, commissaire de la saison Africa2020, lequel invite à “regarder et comprendre le monde d’un point de vue africain”. Au départ, il y a la volonté de Catherine Blondeau, la directrice du Grand T, qui entend rendre justice à l’Afrique, loin des postures héritées du colonialisme (si vous ne l’avez pas encore fait, lisez Débutants et Blanche, ses deux ouvrages). Une occasion inespérée de découvrir tout un pan de la création artistique dans une ambiance conviviale propice aux échanges. Et l’espoir de retrouvailles puisque la collaboration avec Ouagadougou est appelée à perdurer.
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Kinshasa pour l’espoir
C’est Aristide Tarnagda, directeur des Récréâtrales-Ouagadougou qui met en scène le texte de Sinzo Aanza. “J’ai été séduit par sa langue. C’est un trésor. Une écriture très crue mais aussi très drôle et très poétique qui permet au peuple de s’exprimer”, dit le metteur en scène qui nous offre une pièce drôle et tragique qui parle de Kinshasa (Kin pour les intimes) mais aussi de l’Afrique en général. Lorsque Catherine Blondeau découvre le spectacle en 2018, c’est un choc déterminant qui aboutit à l’invitation d’Aristide Tarnagda.
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Wajdi Mouawad universel
Plusieurs fois comédien chez Wajdi Mouawad, Victor de Oliveira transpose la pièce Incendies du Liban à son Mozambique natal. En pleine guerre civile, dans les années 80. Le spectacle est interprété par une troupe africaine, en portugais et surtitré. Il s’agissait pour lui de demander à ses comédiens comment le texte résonnait en eux. “C’est donc leur regard plus que le mien et je suis impatient de voir comment le public français va réagir à ce voyage au Mozambique.” On le sait, Wajdi Mouawad est un auteur universel. À Lisbonne, le spectacle a fait un tabac.
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Trois hommes au combat
Étienne Minoungou, fondateur des Récréâtrales à Ouagadougou, interprète ce texte de Dieudonné Niangouna. Tous deux en appellent au champion Mohamed Ali pour évoquer l’Afrique d’aujourd’hui. En 1967, Mohamed Ali a perdu son titre de champion du monde parce qu’il a refusé de faire son service militaire en pleine guerre du Vietnam. L’occasion d’évoquer la résistance, la justice ou l’injustice des combats, la transgression des limites. Dieudonné Niangouna présente également De ce côté, un seul en scène qui pose la question de la place du théâtre dans un monde de chaos et d’exil.
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Force féminine
C’est un spectacle pour sept femmes noires, africaines ou afro-descendantes. On est dans le chant, la danse, la transe, la performance. Si elles viennent d’un peu partout dans le monde, elles ont en commun d’avoir subi la violence. Auteure, musicienne et chorégraphe originaire du Rwanda mais vivant en France, Dorothée Munyaneza transcende ces histoires vécues en hymne à la dignité féminine. Une symphonie chorégraphiée, portée par les voix et les costumes qui sont autant de mailles d’un même tissu pour la liberté.
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Felwine Sarr en personne !
Il est économiste et artiste. Incontestablement une des personnalités qui s’imposent lorsqu’il s’agit d’analyser et penser l’Afrique. Le lieu unique présente Traces – Discours aux nations africaines (jeudi 24 et vendredi 25 juin à 20h). Un texte politique et poétique adressé à la jeunesse, porté par le comédien Étienne Minoungou et la musique de Simon Winse. Vendredi 2 juillet, une grande soirée au Grand T programme le spectacle We call in love (18h30), un grand entretien avec Felwine Sarr (20h30) et un concert de Felwine Sarr et le Daaray Samadhi, une nouvelle formation musicale. De quoi découvrir toutes les facettes du Sénégalais !
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L’esprit de la fête
Le Grand T ne propose rien de moins que de retrouver l’esprit animé de cette fameuse rue 9.32 qui est le théâtre des Récréâtrales de Ouagadougou. Outre les spectacles accessibles ce samedi 26 juin (dont Notre maison, dès
10 ans), chacun pourra participer en famille ou entre amis à des ateliers de cuisine, de danse ou de fabrication d’objets en wax. Il y aura des brochettes et de la bière comme là-bas et même des activités qui décoiffent dans une ambiance de salon de coiffure. Des échoppes évidemment et de la musique avec TRKZ, un DJ venu du Mozambique. Ce même soir, il y a la soirée partage autour de la palabre dans l’esprit de la veillée africaine. Sans oublier Le Dis Donc, rallye de lecture théâtrale d’auteurs africains.

Aude Moisan
Crédit photos : Ambiance Les Récréâtrales Ouagadougou © Géry Barbot