Réparer les vivants
Tout commence au petit jour dans une mer déchaînée avec trois jeunes surfeurs. Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, c’est l’accident. Désormais suspendue aux machines dans un hôpital du Havre, la vie de Simon n’est plus qu’un leurre. Au même moment, à Paris, une femme attend la greffe providentielle qui pourra prolonger sa vie…
De Katell Quillévéré, avec Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval, 1h43, France
Horaires du 18 au 24 Juin
L'avis de la rédaction
Le pitch ? Une greffe du cœur, du donneur au receveur.
Verdict ? Loin du traitement choc de mise dans les films et séries d’hôpital (hémoglobine et personnel sur les nerfs), Katell Quillévéré opte pour une mise en scène toute en pudeur. C’est à la fois la qualité et le défaut du film. D’un côté, on aime cette atmosphère rassurante, de l’autre, on peine à éprouver une réelle empathie pour des personnages qui évidemment la mériteraient. Reste une scène finale inoubliable, inventant une sorte d’esthétique de la chirurgie.
Matthieu Chauveau
L'interview
Pour son troisième long, Katell Quillévéré adapte le best-seller Réparer les vivants de Maylis de Kerangal. Une histoire de deuil, de renaissance, et de cœur.
Pourquoi adapter ce roman ?
Il m’a profondément touché. C’était la promesse magnifique d’un film, qui me parlait d’une manière intime. Or, la clé d’une adaptation, c’est de se sentir proche des obsessions qui hantent l’œuvre. Comment se reconstruit-on face à ce scandale qu’est la disparition d’un être cher ? Je suis fascinée par cette question.
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Un livre sans réel personnage principal est-il facile à adapter ?
C’était le défi. Comment raconter une histoire alors que toutes les histoires l’ont déjà été ? C’est un peu la question que se posent tout romancier et tout cinéaste. Dans le livre, la construction narrative est géniale. Ce n’est ni une chronique classique, ni un récit choral. J’ai donc essayé de bâtir un « film-relais », où chaque personnage joue un rôle dans le fil qui est suspendu entre une mort et une vie.
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On découvre aussi un milieu professionnel…
C’était l’une des missions du film : faire découvrir des métiers dont on ne soupçonne pas l’importance, comme celui d’infirmier coordinateur (NDLR. personnage joué par Tahar Rahim). C’est une profession magnifique. Il s’agit de la personne qui accompagne les familles dans leur choix d’effectuer ou non un don d’organe. Derrière les fonctions, je voulais montrer les personnes, les sensibilités…
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Le film reste somme toute très pudique…
Oui. Il s’agit d’une histoire violente, celle de la mort d’un adolescent, qui est quelque chose de profondément injuste et insupportable, et en même temps d’une invitation à  transcender cette douleur, à voir ce qu’on peut en faire de beau et de fort. À montrer comment la vie reprend toujours ses droits, comment elle continue à circuler. Je voulais à tout prix éviter la prise d’otage sentimentale.
propos recueillis par Matthieu Chauveau