Orpheline
Portrait d’une femme à quatre âges de sa vie. Petite fille de la campagne, prise dans une tragique partie de cache-cache. Adolescente ballottée de fugue en fugue, d’homme en homme, puisque tout vaut mieux que le triste foyer familial. Jeune provinciale qui monte à Paris et frôle la catastrophe. Femme accomplie enfin, qui se croyait à l’abri de son passé. Quatre actrices différentes incarnent une seule et même héroïne.
De Arnaud des Pallières, avec Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot, 1h51, France
Horaires du 14 au 20 Mai
L'avis de la rédaction
C’est quoi ? Le portrait d’une femme à travers quatre histoires différentes, quatre périodes de sa vie, de l’enfance à l’âge adulte.
Verdict? C’est le regard d’un homme sur le parcours d’une femme. Celui d’un réalisateur, Arnaud des Pallières, sur les écrits personnels de sa co-scénariste Christelle Berthevas. Un film noir sur le silence de l’enfance, les corps en éveil des jeunes filles et l’affirmation adulte. Il se déploie d’une façon inventive et autonome, portée par son quatuor d’actrices généreuses.
L.K
L'interview
Quatre histoires à travers quatre âges différents vont former le portrait complexe et troublant d’un seul personnage. Une gamine innocente, Véga Cuzytek, une adolescente rebelle, Solène Rigot, une jeune fille sensuelle, Adèle Exarchopoulos, et une femme affirmée, Adèle Haenel, composent, entre film noir et drame social, l’identification d’une femme dans la nouvelle œuvre d’Arnaud des Pallières.
Qu’est-ce qui vous a plu dans ce personnage ?
Elle a une volonté profonde de bonheur. À chaque fois, elle perd ses attaches et, à chaque fois, elle recommence. Il y a de l’énergie, de la vie, une soif d’envie, de découverte…
Que pensez-vous de son rapport à la sexualité ?
Elle a commencé à s’en sortir par là et puis c’est resté. Elle la découvre très jeune et c’est peut-être sa seule possibilité : comment découvrir le monde avec son corps ? C’est un lien privilégié avec l’autre qui lui permet d’accéder à un univers différent. Ça peut paraître violent après coup, mais je trouve ça beau.
Dans ce portrait à quatre actrices, c’est le réalisateur qui tient l’ensemble ?
C’est un pari d’Arnaud parce qu’on était toutes assez différentes. Je crois qu’il nous trouvait une énergie similaire, mais c’est lui qui faisait le lien. Il voulait garder notre jeu distinct, et on voyait que dans sa tête, ça prenait corps. Je pense que c’est pour ça qu’il nous dirige aussi bien, avec un regard qui te cerne, qui sait tout de toi.
C’est difficile de jouer un personnage par ailleurs interprété aussi par Adèle Haenel et Adèle Exarchopoulos ?
C’est une pression, mais les autres sont déjà tellement incarnées que tu ne te mets pas à leur place. Après, forcément, ça crée un lien étrange d’avoir vécu un peu la même histoire. On s’est rencontrées avant, puis après. On a discuté de tout et de rien, je ne savais pas comment elles jouaient le personnage, mais je savais qu’elles le faisaient bien. On en avait à peu près la même vision mais au résultat, chacune a découvert des choses avec les autres.
Propos recueillis par Laurence Kempf
L'article
Matthieu Chauveau